35 EME CONGRES DU PARTI COMMUNISTE FRANCAIS
21/06/2010
Un Parti communiste à l’agonie, miné par ses contradictions ? C’est ce que la plupart des médias ont voulu voir des débats qui ont agité les quelque 600 congressistes réunis ce week-end à la Défense (Hauts-de-Seine).
Mais pour les délégués présents au 35e Congrès du PCF, c’est bien la société qui est en crise, et non leur parti. Une société malade d’un capitalisme « incapable de relever les défis du développement humain et (qui) génère une violence sociale inouïe », dit leur résolution finale, adoptée hier après-midi.
Un diagnostic qui élève à leurs yeux la responsabilité de leur formation politique pour hâter le changement de la société, dont la crise d’une ampleur inédite suscite forcément des débats intenses pour se montrer à la hauteur d’une « alternative au XXIe siècle ». Les délégués n’ont pas l’intention de renoncer à leur combat. « Notre engagement communiste pour l’émancipation humaine est plus nécessaire que jamais », réaffirme la résolution, dans le fil du 34e Congrès de décembre 2008. Les délégués ont confirmé leur choix de la « forme parti », tout en martelant dans le même temps la nécessité d’une « transformation » du PCF.
Construire une « majorité de changement »
Mais c’est surtout le « défi » pour les forces de gauche d’ouvrir une « alternative au pouvoir de Nicolas Sarkozy » qui a occupé l’essentiel des débats des délégués. Ceux-ci avaient pour tâche d’« évaluer » la mise en ouvre des choix faits au dernier congrès, qui s’est traduit par la constitution d’un Front de gauche autour de ses trois composantes fondatrices (PCF, Parti de gauche, Gauche unitaire) aux élections européennes de 2009 et régionales de 2010. Les participants ont majoritairement choisi de poursuivre cette démarche, en lui imprimant un « nouvel élan ». « Il est urgent de donner une perspective à la colère et aux attentes qui s’expriment à travers la construction d’un projet de transformation sociale pour sortir de la crise » et de donner corps à « une majorité de changement », autour d’un « pacte d’union populaire », affirme la résolution adoptée. Là encore, le débat, qui a mis en lumière des approches différentes, ne s’est pas résumé aux caricatures qui ont pu en être dépeintes. « Le sujet n’est pas de se positionner pour ou contre le Front de gauche. Cette offre a permis des avancées positives, mais peut-on penser qu’elle est, en l’état actuel, la réponse à la hauteur de la crise ? » a lancé une déléguée, dans une intervention symptomatique de la tonalité du congrès. De leur côté, les partisans d’un projet de résolution alternative portée par Daniel Cirera, repoussé après discussion par le Congrès, refusaient aussi le dilemme d’une posture pro ou anti-Front de gauche, insistant sur le besoin de poursuivre « l’évaluation » de cette stratégie par un débat dans le parti.
Conception originale du Front de gauche
Le congrès a ainsi énoncé une conception originale, propre aux communistes, du Front de gauche : « Nous sommes seuls à gauche à proposer une telle formule de pacte d’union populaire », a souligné Pierre Laurent.
Il s’agit, selon le nouveau secrétaire national du PCF élu hier, d’entrer dans la préparation des échéances électorales de 2012 par « une étape de mobilisation populaire forte autour de l’élaboration d’un projet » avec les citoyens, animée par les formations du Front de gauche. Ce processus public, destiné à déjouer le piège de la personnalisation de la présidentielle, sera lancé à la Fête de l’Humanité. La résolution précise que la candidature pourra « soit être issue de l’une des formations du Front de gauche, soit être issue du mouvement social », sans « préalable ni exclusive », le congrès de juin 2011 devant arrêter le nom du candidat soutenu par le PCF. Le congrès a également lancé un appel à « tous les citoyens et toutes les forces de gauche » pour « une riposte amplifiée à la politique de la droite ». « Sans attendre 2012, c’est dès maintenant qu’il faut mettre la droite en échec », dit le texte, qui engage le PCF à « prendre les contacts nécessaires avec l’ensemble des forces de gauche ». Le congrès entend en particulier poursuivre « la mobilisation contre la casse des retraites jusqu’au retrait du projet gouvernemental » et exiger un « référendum » pour faire échec à la réforme des collectivités territoriales.
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