VOILE INTEGRAL : LA POSITON DES DEPUTES PCF
11/05/2010
Pourquoi avez-vous décidé de ne pas voter la résolution parlementaire sur le voile intégral, mardi?
Le principe d’une seule résolution réaffirmant un certain nombre de valeurs aurait pu s’entendre. Mais nous considérons que l’épisode de la résolution vise, en fait, à établir une opération de consensus préfigurant le vote du projet de loi d’interdiction du voile intégral. Il s’agit bien du premier étage de la fusée et nous ne sommes pas dupes de cette opération menée par le gouvernement et quelques parlementaires. Mardi, nous ferons une déclaration à l’Assemblée mais nous ne participerons pas au vote.
Vous ne voterez pas la résolution car vous la jugez liée au projet de loi. Mais pourquoi êtes vous contre un texte d’interdiction?
D’abord, nous sommes totalement contre le voile intégral. Sur ce point, il n’y a aucune ambiguité, cela ne fait pas débat au sein de notre groupe. Mais nous dénonçons la manoeuvre du gouvernement qui veut faire croire que l’on peut régler un sujet si difficile d’un coup de baguette magique. Nos concitoyens ont suffisamment donné dans des textes de loi illusionnistes, inapplicables et donc inappliqués.
Et chacun peut mesurer que, sujet après sujet, ce gouvernement stigmatise une partie de la population: nos concitoyens d’origine étrangère ou les étrangers résidant sur notre territoire. Il faut combattre cet obscurantisme mais je ne crois par que toute cette agitation inquiète les «ultras». Ils y trouvent même un carburant supplémentaire.
De votre groupe, seul André Gerin, qui a présidé la mission parlementaire sur le voile intégral, votera la résolution. Dans Le Parisien, il déplore un «un déni de réalité» du PCF...
Le déni est plutôt dans le fait de croire au caractère miraculeux d’une telle loi. Il se trompe profondément.
Dans les bâtiments publics, il n’y a pas de problème pour faire respecter la levée de l’anonymat, à de très rares exceptions. Un arsenal législatif supplémentaire n’est pas nécessaire. Quant à légiférer sur l’espace public, c’est une autre paire de manche.
Nous, nous proposons des campagnes publiques sur les droits des femmes, la liberté des individus. Il faut aussi travailler dans les écoles, les collèges, les lycées, faire de la pédagogie. Plutôt d’édicter des solutions clés en main, qu’on se coltine le débat démocratique! Mais ne faisons pas croire qu’il existe une solution miracle.
Entretien de Libération avec P Muzeau, porte parole des députés commnistes
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