LE MUR DE BERLIN / PAS DE NAIVETE
04/11/2009
Le 20éme anniversaire de la chute du mur de Berlin ne doit pas nous faire oublier les victimes innocentes du calcul froid et cynique des puissances occidentales.
Dans le cadre de ses articles sur la chute du mur de Berlin le quotidien régional La Montagne du 24 oct a publié un entretien avec Roland Dumas Ministre des affaires étrangères de l’époque qui relate un entretien avec Mikhaïl Gorbatchev et qui en dit long sur les réelles intentions de l’occident vis à vis de la RDA,de l’URSS et de tous les pays socialistes. Je cite : "Nous avons été seuls pendant 30 minutes. Il avait les larmes aux yeux. Il disait : "je fais tout ce qu’on m’a demandé, j’ai rétabli les libertés,j’ai libéralisé l’économie, mais personne ne veut m’aider. Les anglais et les américains étaient contre toute aide financière à Gorbatchev. J’ai entendu le premier ministre britannique déclarer : "Il ne faut pas tout lui donner. Il faut en garder pour ceux qui vont lui succéder."
Certes on ne peut que se réjouir de la chute du mur qui a permis de réunifier le peuple allemand mais ne soyons pas naïfs en tant que communistes sur les intentions des puissances occidentales vis à vis de l’URSS,de la RDA et des autres pays socialistes. Ce n’était ni la liberté,ni la démocratie, ni le bonheur des peuples qui les guidait mais la volonté délibérée d’éliminer tout ce qui pouvait, même avec les très gros défauts de ces pays, apparaître comme un obstacle à la domination capitaliste et impérialiste. Surtout si on leur avait donné les moyens de se réformer, ce qui aurait donné une autre image du communisme. Ils ont applaudi à l’éclatement de l’URSS reléguant la Russie au rang de pays de seconde zone, fermant les yeux sur les mafias qui ont prospéré après1989 et sur le pillage organisé de ce pays-continent,versant des larmes de crocodiles sur le peuple tchétchène, attisant le conflit géorgien et s’élevant aujourd’hui contre les dirigeants russes Poutine et Medvedev que l’on peut critiquer mais qui aux yeux des russes eux mêmes leur ont redonné la dignité qui sied à un grand pays dont ils avaient été privée par Eltsine.
Même scénario pour l’ex-Yougoslavie. Alors que l’Union européenne avait les moyens économiques et politiques de contraindre les dirigeants des différentes républiques de la Yougoslavie, notemment croate et serbe, à s’entendre et à rester unies dans une même entité elle a préféré, tout en connaissant les fortes tendances nationalistes régnant là bas, laisser faire l’éclatement de la Yougoslavie. Quand l’Allemagne, suivie par la France,reconnait la Slovénie chacun savait que les Croates et les Serbes allaient déclarer automatiquement leur indépendance. La suite on la connait en Bosnie-Herzègovine,au Kosovo et ailleurs:des dizaines de milliers de morts,des peuples meurtris et les Balkans à nouveau déchiré par la haine et le nationalisme. Mais là aussi il fallait éradiquer tout ce qui de prés ou de loin avait un rapport avec le communisme et le socialisme. Pourtant d’autres options étaient possible qui auraient évité du sang et des larmes. Mais comme le disait César : "Malheur aux vaincus".
La célébration du 20éme anniversaire de la chute du mur ne doit pas nous faire oublier ces victimes innocentes du calcul froid et cynique des puissances occidentales.Il suffit de se promener aujourd’hui dans Sarajevo, ville que j’ai découverte en 1969 qui était la ville de la tolérance,la ville aux 6 religions cohabitantes et qui au début des années 90 est devenue la ville martyr aux 4 années de siège dont les stigmates de la guerre sont encore présents ( tombes dans les jardins publics,immeubles encore criblés d’impact de balles) pour comprendre que la chute du mur c’est aussi celà. Que derrière les larmes de joie il y a aussi des larmes de douleur.Et qu’en ce 20 ème anniversaire,les unes,bien compréhensibles, ne doivent pas effacer les autres.
C’est aussi celà le devoir de mémoire !
Jean claude Mairal
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