Anne Coulon au meeting du Front de gauche.
10/03/2009
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Notre camarade Anne Coulon a fait une intervention très remarquée et appréciée lors du meeting du front de gauche au Zénith de Paris, le 8 Mars. Formatrice à l’IUFM d’Etiolles, professeure d’éducation physique et sportive, membre de la coordination nationale des enseignants, et du comité départemental du PCF de l’Essonne, Anne s’est exprimée sur l’avenir de l’éducation nationale. Plus généralement, elle a rappelé que l’unité des forces de progrès serait indispensable pour mener les luttes à venir.
Jeudi dans la rue avec mes collègues acteurs des universités en lutte, hier à la coordination nationale de la formation des enseignants à la Sorbonne, je saisis l’opportunité qui m’est ici offerte par le front de gauche pour poursuivre le combat.
D’abord pour vous faire partager ce qui fonde l’opposition absolue et résolue de tous les acteurs de l’éducation à ce que les ministres Darcos et Pecresse appellent pompeusement des réformes ???Car ce dont il s’agit en fait, c’est de démantèlement, de déstructuration, de destruction, de dénigrement, de casse de tout ce n’est pas la vision Sarko-Wall-Street de l’école : des parents clients, des élèves marchandise, des écoles entreprises. Et la méthode pour y arriver consiste à attendre, surtout ne rien voir, ne rien entendre, ne rien comprendre : Autisme, mépris et vanité…..Calamiteuse attitude qui consiste à tenter de cliver, de diviser, d’aiguiser les conflits plutôt que de faire le travail attendu de tout ministre, à savoir justement réformer sur la base des propositions constructives des partenaires sociaux et des acteurs. ET quand la division ne marche plus, c’est par le dédain et les provocations qu’ils tentent de radicaliser les rassemblements pour attiser la colère et disqualifier les opposants.
Jamais depuis Vichy n’ont eu lieu de si graves attaques contre le système public laïc d’éducation. Ce gouvernement a misé sur notre débilité et notre incapacité à trouver de la cohérence dans des transformations opérées dans l’urgence et par touches successives. Mais c’était une erreur, et si nous désespérons parfois de nos forces, si nos résistances sont parfois altérées par la sous estimation de nos propres capacités, l’actualité est révélatrice de cette intelligence collective dont nous sommes capables ! oui malgré l’émiettement et l’absolue précipitation des décrets, circulaires, réformes pour éviter toute lisibilité, la cohérence du puzzle devient une évidence pour bien du monde : Nouvelle évaluation des enseignants rémunérés au mérite, évaluations précipitées des CE1-CM2 , abolition de la carte scolaire, Agence Nationale de remplacement pour recruter des enseignants Kleenex non formés, suppressions des RASED dans les écoles, suppression de 13 500 postes en 2009 alors qu’il y a 20 000 élèves de plus, Service Minimum d’accueil , Jardins d’enfants payants en lieu et place de la PS de maternelle, EPEP, nouveaux établissements primaires dirigés par de vrais chefs d’entreprise, réduction des horaires d’enseignement quand le problème posé n’est pas celui du volume temps consacré aux apprentissages mais celui du rythme imposé, surveillance, soumission, répression des personnels , autonomie des Universités avec la LRU qui est de une mise en concurrence menaçante et sauvage , soumission de la recherche à des résultats à court terme alors même que chercher consiste à tâtonner, donc à disposer du temps et de la liberté nécessaires pour avancer, suppression de la formation des enseignants et disparition à court terme des Instituts de FM, pierre angulaire de la formation professionnelle.
Tout cela répond à une conception libérale, capitaliste du monde qui est de mon point de vue antinomique avec celle de tout éducateur. Notre société a besoin, plus que jamais pour sauver ce vieux monde que chaque enfant et élève devienne un citoyen cultivé, lucide, capable d’exercer son jugement, de comprendre, de concevoir, de proposer, d’analyser et de critiquer. La concurrence suppose la sélection, l’écrasement et l’homogénéisation de la connaissance. Elle sous-entend l’idée qu’il n’y a pas de place pour tout le monde sur cette terre, et que l’autre nous menace. Elle brise ce qui fait société. Mais moi qui suis professeur d’EPS, je ne confonds pas compétition, émulation et concurrence. Devenir meilleur, progresser dans tous les domaines ne se conjugue pas avec l’obligation d’excellence qui détourne toutes les énergies humaines vers des stratégies de consommateurs.
Car, c’est cela que veut la droite : des consommateurs dociles, rentables, des individus agissant « chacun pour soi »,fier ou coupable d’avoir su ou pas éviter les pièges, avec une frange de chômeurs de 15% qui permettent d’exercer pression à la baisse sur les salaires et poussent à se soumettre. La mise à mort du service public de l’Education Nationale garantissant les mêmes chances à tous les enfants sur tout le territoire constitue le socle de ce projet libéral. Je souhaite que les manifestations du 11 mars de la maternelle à l’Université et que celle du 19 fassent céder le gouvernement sur le retrait des réformes. Cela ne sera possible que si le monde du travail, les parents, les citoyens l’exigent avec nous parce que l’école est d’abord une question publique. Mais le traité de Lisbonne et les directives Européennes sur la libre concurrence restent bien là, cadres contraignants et incontournables de la politique française. Gagner du temps en exigeant moratoires et retraits pour concevoir d’autres réformes ne suffit donc pas. Il faut modifier les règles du jeu Européennes. Nous devons revenir sur La Loi d’Orientation des Finances et le cadre d’une Europe de la concurrence avec des travailleurs qui mourront de vieillesse et d’usure à leur poste ! 55% des français a affirmé cette volonté lors du référendum de 2005, scrutin au taux de participation si exceptionnel. IL n’y a pas d’autre choix que de poursuivre dans les urnes nos combats, sauf à se condamner à battre le bitume. Si je comprends qu’on puisse se poser des questions stratégiques quant aux expériences unitaires passées, je mets en garde contre toute conception qui consisterait à aller en ordre dispersé à ce scrutin du 7 juin. Car quand l’unité devient exigence populaire et non simple décision politique, l’hésitation n’est plus permise et conduirait tous les partis et militants de gauche à s’exposer à de graves griefs. L’unité syndicale en métropole a répondu aux attentes et permis le succès du 29 janvier, crée la dynamique du 19 mars. C’est les fronts unis des Dom qui ont fait leur force. La souffrance et la détresse de tant de familles, les menaces des réformes en cours ne laissent aucune place aux stratégies partisanes ou politiciennes. Il y a urgence à battre la droite libérale .Je propose que nous devenions tous et vite des militants de cette unité politique et que pour cela, soit mis à notre disposition un badge qui nous permette d’afficher cette exigence : Au référendum de 2005 j’ai voté non à l’Europe de la concurrence, pour battre Sarko le 7 juin 2009, je veux un front de gauche.
Je rêve de prochaines manifestations où nous soyons des millions à porter sur nos vestes ce mot d’ordre plein d’espoir…
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