CONGRES DES JEUNESSES COMMUNISTES
19/12/2006
Les JC pressés d’en découdre
Jeunesse . Cinq cents jeunes communistes en congrès ont défriché les voies pour une alternative à la droite et au capitalisme, ce week-end à Ivry.
Ils étaient cinq cents jeunes délégués du Mouvement des jeunes communistes de France (MJCF) réunis ce week-end à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne). Trois jours marqués par des instants d’émotion, comme au moment de la venue de Hind Khoury, déléguée générale de la Palestine en France, qui a dressé le bilan de l’occupation meurtrière israélienne et a salué « la recherche de la paix et de la justice » des JC. Trois jours d’intenses débats aussi, sur le capitalisme, les luttes contre les réformes de régression sociale de la droite, la solidarité internationale, l’écologie, le changement de société, etc., qui ont débouché sur l’adoption de quatre chantiers de propositions.
« Une page politique est en train de se fermer. La droite qui a gagné les élections en 2002 après l’arrivée de Le Pen au second tour va bientôt devoir rendre ses mandats dans une situation bien différente », a déclaré Cédric Clérin, qui a été réélu, dimanche, secrétaire général du Mouvement des jeunes communistes de France (MJCF). « Nous sortons de cinq années de contre-révolution libérale mais aussi de cinq années de grandes mobilisations. Le libéralisme a été battu en brèche par la lutte contre le CPE et contre la constitution européenne. » Pour les JC, « le moment est propice pour faire entrer de nombreux jeunes en politique pour préparer les luttes à venir ». « Les jeunes sont plus intéressés par la politique qu’on le dit, affirme Mejdaline, lycéenne dans le Val-de-Marne. Ils sentent les conséquences des grands choix dans leur vie. Ce qu’ils rejettent, c’est la politique vue par les grands médias qui les désinforment. »
Ceux-ci ont déjà adoubé leurs candidats pour 2007, selon les JC. « Le Pen, Sarkozy, Royal, se réclament du peuple pour mettre en place leur politique libérale ou leur variante sociale-libérale. Ils font semblant de prendre en compte les aspirations pour mieux les dévoyer », dénonce Cédric Clérin. Trois prétendants que les JC ne mettent pas sur le même plan, mais qui sont réunis par un même « populisme médiatique » qui « passe par une certaine politique du bon sens qui fuit le débat sur les vraies causes ». Le MJCF veut « élever le niveau du débat » pour faire entendre la voix des jeunes dans les élections. Reste à voter pour un représentant qui incarne cette voix. Si la JC n’a pas choisi officiellement son candidat, débat en cours entre les forces antilibérales oblige, l’accueil triomphal réservé à Marie-George Buffet, samedi, ne laisse pas de place au doute sur la préférence des délégués. Pour la responsable communiste, « l’urgence des urgences » est que les forces qui militent pour une nouvelle dynamique à gauche hors du bipartisme imposé « se tournent maintenant vers les millions d’hommes et de femmes qui en attendent beaucoup ». Les jeunes militants s’impatientent d’entrer en campagne. « Ce qui m’importe c’est de faire gagner notre projet, lance Kevin, du Maine-et-Loire. Deux candidats me font froid dans le dos : Le Pen et Sarkozy. Le risque d’une société fasciste est bien réel. Et si Royal l’emportait, ce serait une catastrophe pour l’espoir. »
Les débats théoriques de congrès sur le dépassement du capitalisme, la référence à Marx et aux grands penseurs de la révolution sont vite rattrapés par la réalité concrète. « Comme beaucoup ici, j’habite dans un des quartiers les plus pauvres, interpelle Anne-Laure, de Gennevilliers (Hauts-de-Seine). On y fait de la politique tous les jours avec les habitants. Pas en leur récitant Marx ou Engels mais en faisant participer les citoyens au quotidien pour peser sur les politiques nationales. » Elsa, des Bouches-du-Rhône, et Sylvain, du Loiret, plébiscitent l’utilité concrète de leur engagement. Embauché sous contrat nouvelle embauche comme livreur, le jeune homme a été congédié dès qu’il a réclamé le paiement de ses heures supplémentaires. « Une semaine après, j’ai reçu ma lettre de licenciement sans motif. J’ai adhéré aux JC pour me battre pour l’emploi stable. Les discours de Villepin sur l’aide à l’embauche des jeunes, c’est de la connerie... » Elsa, elle, cumule les petits boulots à Aix-en-Provence pour financer ses études. « Ma bourse suffit à peine à payer mon loyer. Je suis à l’Union des étudiants communistes parce que, quand on étudie ou quand on travaille, on voit que ce sont toujours les mêmes qui trinquent. À la JC, on apporte de vraies réponses pour les jeunes. » Le congrès a décidé de faire des quartiers populaires et des jeunes travailleurs des priorités de l’activité du MJCF dans les mois à venir.
Sébastien Crépel (l'Humanité)
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